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Le risque cyclonique

Le risque cyclonique

Le nom même de notre association fait en partie référence à ces phénomènes (on surnomme souvent les cyclones, les « météores »), c’est dire s’ils sont au centre de notre attention !  Pour qu’il y ait cyclone, il faut généralement que plusieurs ingrédients soient réunis : une température des eaux de surface de l’océan à plus de 26.5°C sur les 50 premiers mètres de profondeur, une distance suffisante de l’équateur (force de Coriolis), un amas orageux original, suffisamment d’humidité et d’instabilité dans l’air, une bonne divergence d’altitude et une absence de cisaillement vertical des vents.
Coupez un de ces éléments et le moteur du cyclone se grippe et le système se ratatine. De façon générale (on a déjà vu des systèmes tropicaux en juillet sur le bassin comme Abela en 2016), ces conditions ne sont réunies que quelques mois dans l’année sur notre bassin cyclonique, de novembre à fin avril. Le centre de prévision en charge de la surveillance de l’ensemble du bassin océan indien sud-ouest est le CMRS de la Réunion.

Les systèmes tropicaux sont classés selon leur intensité en différentes catégories :

– Perturbation tropicale (Moins de 28 kt,) Système dont les vents moyens sur 10 minutes n’excèdent pas 50 km/h

-Dépression tropicale : (28 à 33 kt) soit des vents de 51 à 62 km/h


-Tempête tropicale modérée : (34 à 47 kt) soit des vents de 63 à 88 km/h. Exemple : Carlos (février 2017)


– Forte Tempête tropicale : (48 à 63 kt) soit des vents de 89 à 117 km/ . Exemple : Dumile (janvier 2013)


– Cyclone Tropical : (64 à 89 kt) soit des vents de 118  à 165 km/h. Exemples : Fakir (04/2018), Firinga(02/89), Colina (02/93) ;


-Cyclone Tropical intense : (90 à 115 kt) soit des vents de 166 à 212 km/h.  Exemples :Dina (01/2002), Jenny (02/62), 1948 (01/1948)


-Cyclone tropical très intense : ( plus de 116 kt) Soit des vents Supérieurs à 212 km/h. Jamais vu de mémoire d’homme à la Réunion. Exemples sur le bassin : Fantala (04/2016), Gafilo (03/2004), Gasitao (03/88)

 !!! Attention, certaines agences donnent des valeurs fondées sur la moyenne des vents sur 1 min. En outre les rafales peuvent faire 1.4 fois la vitesse des vents moyens sur 10 minutes. Ainsi dans un CTTI, les rafales dépassent les 250 km/h. !!!

Les risques liés aux cyclones tropicaux sont multiples et varient grandement selon la taille, l’intensité et la trajectoire du système, ainsi que de l’extension de ses vents maximaux. On peut en recenser trois principaux :

– La pluviométrie : Les systèmes tropicaux entraînent souvent des pluies diluviennes dont certaines ont valu des records mondiaux à l’île. Ainsi en 1966 le passage du cyclone Denise charria 1825 mm à  de pluie à Foc Foc en 24 heures dans son sillage, en 2007 il tomba 3930 mm à Commerson en 72h avec Gamède et en 1980 pas moins de 6083 mm en 15 jours dans le même secteur avec Hyacinthe !
Pour le reste, les risques liés aux inondations ont déjà été présentés, ils sont simplement plus sensibles que jamais lors du passage d’un système tropical. Notez que les systèmes les plus violents ne sont pas toujours les pires en la matière, une simple tempête tropicale peut parfois générer des pluies supérieures à celles d’un cyclone mature . C’est véritablement un danger à ne pas prendre à la légère dans l’océan indien !

– Le vent : C’est généralement le danger qui vient le premier à l’esprit. Mais ce n’est pas toujours le plus dévastateur ou le plus mortel, d’un point de vue statistique. Néanmoins, au-delà des 150 km/h le risque devient non négligeable pour les personnes et les habitations. Le moindre débris est potentiellement mortel (tôle= guillotine volante) et les habitations commencent à souffrir. Le plus grand danger est l’arrachage potentiel de la toiture par les rafales, exposant l’intérieur de la maison à la furie des cieux. Si Fakir et Béjisa ont durement éprouvé les réunionnais en la matière, il faut remonter loin en arrière pour retrouver des cyclones générant des rafales à plus de 200 km/h sur l’île . En 2002, le cyclone Dina généra des rafales à plus de 250 km/h  sur les hauts de St-Denis décoiffant de nombreuses villas. En 1989, les rafales de 216 km/h mesurées à Pierrefonds lors du passage de Firinga punaisèrent littéralement les avions de l’aéroclub au sol comme de simples jouets. Les rafales de Jenny ou de 1948 furent sans doute bien pires, mais en l’absence de mesures fiables ce ne sont que des conjectures. Les cyclones « de vent » sont donc plutôt rares chez nous, mais ils existent et gare à ceux qui ne s’y préparent pas sérieusement !

– L’onde de tempête : De tout l’arsenal cyclonique c’est de loin le plus meurtrier ! Heureusement, le relief de notre île nous en préserve pour une bonne partie. Imaginez une ventouse qui débouche un évier, la baisse de la pression atmosphérique fait monter le niveau de l’océan ( parfois de plusieurs mètres) ce qui ennoie les régions côtières les plus basses en cas de cyclone. Cette onde de tempête s’est rarement faite ressentir chez nous, mais les récits de Jenny en 1962 ou de 1948 sont assez préoccupants, notamment pour les zones densément urbanisées de l’ouest. Ainsi, en 2014 plusieurs personnes furent évacuées préventivement à St Leu de crainte qu’une onde de tempête générée par Béjisa ne menace leurs maisons. Heureusement il n’en fut rien, mais avec un système plus puissant les choses auraient pu être bien différentes.


Quels rôles pour Meteor OI ? Encore une fois, nous ne sommes pas habilités à déclencher la moindre alerte et n’avons aucune prise sur le plan ORSEC cyclone. Néanmoins, les membres de notre association sont fortement impliqués dans le suivi régulier des différents phénomènes . Nous pouvons, ainsi, faire remonter des informations très rapidement et fournissons des aides à la compréhension des différents bulletins officiels. Tant qu’il y aura du courant, il y aura toujours au moins un membre avec qui discuter en cas de cyclone ! 😉

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